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LE FRACAS
On ne va pas reprendre la genèse du punk-rock, des premiers garage bands US, en passant par la clique du CBGB, jusqu'aux chômeurs londoniens... On se contentera de souligner une évidence, tout cela reste une affaire de culture anglo-saxonne. Le terme anglo-saxon est d'ailleurs abusif, mais il est une simplification bien commode pour signifier la prééminence de l'anglais en matière de rock'n'roll... même si certaines formations étaient instrumentales ! Comme toute règle intangible, il y a des exceptions, la plus notable en est la vague rock & twist hexagonale ayant atteint en 1962 le chiffre record de 5000 orchestres rock ! Tous les recoins de France furent touchés, ce qui fit dire aux Actualités françaises, le 24 avril 1963, qu'il s'était vendu en une année plus de guitares électriques que de voitures ! Dix ans plus tard, la situation du rock français n'était plus la même. Face à une variété nationale omnipotente et des poids lourds anglais écrasant tout sur leur passage, quelques formations tentaient d'exister dans des registres différents : Martin Circus, Au Bonheur des Dames, Ange, Triangle, Les Variations (bien que ces derniers chantaient en anglais). Aussi, lors de l'explosion du punk britannique en 1977, les répercussions sont moindres en France, hormis dans le microcosme branché parisien et le festival de Mont-de-Marsan. Si la jeunesse provinciale n'est pas prête à se couper les cheveux, ça et là, on trouve de rares punks en gestation... C'est le cas à Lapalud – une petite commune du Nord-Vaucluse – où deux frères, Marcel et Bruno Eychenne, s'efforcent d'aller dans le sens de l'histoire. Or le sud de la France ne s'y prête guère avec ses rassemblements hippies dont le festival d'Avignon en constitue le point d'orgue. En août 1975, dans la ville voisine d'Orange, les deux frangins assistent au festival pop. Celui-ci se déroule sur trois jours, les 14, 15 et 16 août, dans le cadre prestigieux du théâtre antique. Si DOCTOR FEELGOOD y fait sensation, les frères Eychenne sont particulièrement frappés par la prestation de JOHN CALE accompagné par un CHRIS SPEDDING tout de cuir noir vêtu. Pourtant l'ancien compère de Lou Reed semble dans un état second, massacrant son répertoire, martyrisant son piano et terminant son set par une version tout en déglingue de "Heartbreak Hotel" ! La presse rock s'en émeut : "Et il nous fut donné d'assister à un des concerts les plus lamentables de toute l'histoire du rock." (Hervé Picart – Best N°87 – octobre 1975) "Échevelé, bouche tordue, ravagé de fond en comble (il ne jouait plus), il attaque "Heartbreak Hotel" à deux doigts de la crise de nerf." (Philippe Manœuvre – Rock & Folk N°105 – octobre 1975)
Marcel et Bruno apprécient l'attitude, cette sauvagerie mal contenue et inhabituelle en pleine période où le rock planant tient le haut du pavé. Ils ont flashé aussi sur le look de CHRIS SPEDDING. Tous deux se sont forgés des goûts musicaux comparables à ceux des jeunes Londoniens en passe de révolutionner le rock'n'roll. British Boom, compilation Nuggets, MC5, STOOGES, NEW YORK DOLLS et le VELVET UNDERGROUND constituent leur bréviaire musical. Pour parfaire leur culture rock, ils s'abonnent au seul mensuel musical français qui évite de mettre en couverture GENESIS ou STATUS QUO: Rock News. Fondé par Michel Esteban, le magazine évoque dès février 1976 la scène new-yorkaise (Television, Ramones, Patti Smith) et met en une de son numéro de mai 1976 Johnny Rotten ! Hélas, au bout de sept numéros l'affaire était pliée. Marcel trouve aussi quelques hebdomadaires anglais (NME, Melody Maker) dans une librairie de Carpentras ayant visiblement une clientèle britannique. Pour les disques, ils passent commande auprès de l'Open Market de Marc Zermati. Puis c'est l'arrivée des premiers 45 tours punks et assimilés : DAMNED, SEX PISTOLS, 101ers... Ils ont commencé à gratouiller la guitare en reprenant "I Wanna Be Your Dog" et "No Fun", quand un troisième larron, Michel Selesque, les rejoint pour s'essayer à la basse. Le trio constitué décide d'aller assister au second festival de Mont-de-Marsan se tenant les 5 et 6 août 1977. Ils y vont essentiellement pour découvrir CLASH et JAM. Sur place, ils se sentent en communauté d'esprit avec les autres punks rencontrés, découvrant que certains groupes ne sont vraiment pas au niveau (Asphalt Jungle), sont plutôt foutraques (Damned) ou ont tout simplement de l'énergie à revendre (The BOYS), mais rien de comparable avec CLASH qui leur assène une claque mémorable. Marcel se souvient : "Clash c'était plus qu'un groupe, un véritable gang qui faisait front face au public, une aura, des postures uniques... Pour nous c'était devenu évident qu'il ne fallait plus se contenter d'aimer la musique, d'en faire une simple occupation, désormais c'était un véritable choix de vie... On a décidé de trouver un batteur afin de s'y mettre sérieusement, ce qui impliquait de laisser tomber les études..."
Malgré ces belles résolutions, le retour à Lapalud s'apparente à un no-future rock'n'roll...
Pas découragée pour autant, la fratrie part prospecter sur Orange afin de dégotter l'homme providentiel capable de tenir les fûts. Ils déposent une petite annonce à La Maison du Disque, se renseignent ça et là, sans succès... Les semaines passent, ils perdent leur bassiste en route... lorsqu'on leur apprend l'existence d'un batteur débutant, un dénommé Pierre Barbero. Doutant de ses capacités techniques, celui-ci est plutôt enclin à refuser le poste. C'est sans compter sur la détermination des frères, qui finissent par le convaincre d'accepter un essai. Peu après, il leur trouve même un bassiste, Jean-Pierre Scarnato. L'année 1977 ayant touché a sa fin, le quatuor décide de rattraper le temps perdu et passe les premiers mois de l'année 1978 en répétitions intensives. LE FRACAS lorgne sans ambiguïté vers Clash, le nom du groupe s'y apparente, le look fait maison aussi, avec ces slogans peints au pochoir, ces tee-shirts filets et ces pantalons zippés. Néanmoins, ils ont décidé de chanter en français leurs propres compositions, un choix contesté par Pierre, partisan inconditionnel du rock chanté en anglais. Bruno et Marcel s'essaient au chant à deux voix à base de chœurs et d'interjections, et ce malgré d'évidentes lacunes dans ce domaine. Plus tard, après l'envoi d'une maquette, ils se virent répondre par Marc Zermati – le patron de Skydog Records – qu'ils feraient bien d'engager un chanteur... Marcel dit ne plus s'en souvenir. Dans l'immédiat, ces imperfections vocales s'accordent au style punk à base de slogans hurlés, même si dès les premiers enregistrements, on ne comprendra quasiment rien aux paroles, un petit inconvénient pour des chansons en français s'évertuant à dénoncer les turpitudes de la société... Même le refrain de "Nous en avons marre..." est à moitié audible ! Á leur décharge, un chant approximatif n'a pas empêché Jacques Higelin de faire carrière, ni l'Asphalt Jungle de Patrick Eudeline de devenir culte... Même JOE STRUMMER n'est pas réputé pour ses qualités vocales, alors... A contrario, les membres du Fracas maîtrisent très bien le style punk 77, s'efforçant de ne pas confondre vitesse et précipitation, ils construisent leurs chansons à coup de power chords bien sentis, entrecoupés de solos incisifs et de cassures entretenant une tension permanente – ces fameux drop out dont Clash aime à faire usage... Quant aux choix des reprises, ils évitent soigneusement les standards habituels, inscrivant dans leur set list, "Five Stars Rock'n'roll Petrol" des 101ers, "Be My Baby" des RONETTES, "City of the Dead" de Clash – la face B de "Complete Control". Ils ont aussi un reggae au répertoire avec "Johnny Too Bad" des Slickers, un titre tiré de la bande son du film jamaïcain "The Harder They Come". Á l'occasion, face aux sollicitations du public, ils joueront aussi "T.C.P." des BOYS, voire une série des Ramones, enchaînant à la suite et sans s'interrompre : "Judy Is a Punk", "Now I Wanna Sniff Some Glue", "Blitzkrieg Bop" et "You're Gonna Kill That Girl"... preuve d'une maîtrise certaine du répertoire.
Leur première véritable exhibition sur scène a lieu lors d'un modeste festival de rock – gratuit et en plein air – aux allées de l'Oulle à Avignon, le samedi 17 juin 1978. Devant un public clairsemé et au milieu de divers ensembles adeptes des reprises des Rolling Stones ou du rock progressif, ils récoltent un réel succès et bénéficient de deux rappels. Ils y glanent aussi leurs premières lignes dans un journal, même si le typographe commet une belle coquille traduisant "punk" par "punch" ! Pour ceux qui auraient pu en douter, les bords du Rhône n'ont vraiment rien à voir avec les rives de la Tamise, et visiblement, en juin 1978, certains ne savent pas encore vraiment ce que signifie le mot "punk" : "La première partie se termina avec le groupe punch (sic) "Fracas" dont l'énergie fut fort appréciée, et à juste titre, par un public connaisseur." (Le Dauphiné libéré – mardi 20 juin 1978)
S'ils proclament "Rien à espérer" dans une de leurs compositions, le moral est plutôt au beau fixe puisqu'ils entrent en studio d'enregistrement les 19 et 21 juin afin de mettre en boîte deux titres dans la perspective d'un éventuel single où seraient inscrits en face A, "Nous en avons marre..." et en face B, "Rebelle". Les choses semblent évoluer dans le bon sens avec l'ouverture, le 5 août, de La Guinguette du Rock sur Codolet, un village gardois relativement proche d'Orange. L'endroit va attirer une kyrielle de punks y compris de villes comme Marseille ou Montpellier... Le Fracas y jouera régulièrement, gagnant l'estime des habitués du lieu. Ils ont la ferme intention de sortir un 45 tours et envoient leur maquette à diverses compagnies de disques. Seul le micro-label Oxygène se dit intéressé afin d'inclure un titre dans une compilation de rock français. N'ayant pas d'autres alternatives, ils acceptent la proposition. Le 16 novembre, ils sont de nouveau en studio afin de réenregistrer "Nous en avons marre..." Entretemps, le 4 novembre, ils ont assuré la première partie de Ganafoul à Valence, suscitant une fois encore l'engouement du public. Au printemps 1979, ils se produisent à Avignon en première partie de STRYCHNINE (le 23 mars) et à Orange en support de Ganafoul (le 31 mars). Avril voit enfin la sortie de la compilation Oxygène. Le titre est fort mal choisi ("125 grammes de 33 1/3 tours") et la pochette est un non-sens visuel. Parmi les groupes présents, deux obtiendront une petite notoriété : A 3 DANS LES WC et Strychnine. "Nous en avons marre..." est parfaitement calibré pour entrer dans le Panthéon du punk français des débuts, au même titre qu'Asphalt Jungle, Métal Urbain, Guilty Razors, 1984 ou GAZOLINE... Un seul bémol : il aurait dû sortir au plus tard l'année précédente. En avril 1979, il est tout à fait anachronique...
L'été arrivé, Orange créé l'événement avec un festival de rock français au théâtre antique le 14 juillet avec Jacques Higelin en vedette principale et une pléthore de groupes nationaux. Une semaine avant le spectacle, Jean-Pierre décide sur un coup de tête de quitter Le Fracas... Réduit à un trio, Bruno fait preuve d'un cran certain en passant à la basse cinq jours avant de se produire devant 7000 personnes... Le 14 juillet, Le Fracas ouvre le festival sous un soleil de plomb. Ils ont des ennuis avec l'un de leur amplis, les DOGS – très solidaires – leur en prête un. La soirée est marquée par les triomphes d'Au Bonheur des Dames et de Little Bob Story. Les Starshooter sont victime d'un tir de barrage de la part d'une partie du public qui leur reproche d'avoir trahi la cause du rock. Désormais en trio, Le Fracas passe le reste de l'année à peaufiner un nouveau répertoire, peinant à faire décoller une carrière bien trop ancrée au niveau local. Il faut attendre le 11 juillet 1980 pour entrevoir une lueur d'espoir, toujours à l'occasion du festival rock d'Orange. Comme l'année précédente, ils essuient les plâtres avant l'entrée en lice des formations nationales et anglaises (Rockpile, Dr FEELGOOD et ELVIS COSTELLO). La prestation du Fracas est décrite par le journaliste du Provençal, Jean-Marc Aubert, comme "Manquant de punch". Á l'écoute de l'enregistrement de leur passage sur scène, on ne peut pas lui donner tort. Au commencement de cette nouvelle décennie, ils se retrouvent à la croisée des chemins, se cherchent un nouveau style, ne sachant sur quel pied danser à l'instar de leur pot-pourri où ils mêlent "Say Mama" à "19th Nervous Breakdown". Ils récoltent tout de même un commentaire bienveillant à travers le compte rendu du festival paru dans Best : "...Un bruit m'accroche, je coupe court et fonce à l'autre bout du théâtre. Trois types font de leur mieux pour ressembler aux Clash. Le bassiste surtout, qui tient son arme comme Simonon, bien bas et bien musclé. Il chante "Chômage" avec de la haine et du courage dans la voix. Avé l'assent, aussi. Son groupe s'appelle Fracas, ce qui est beaucoup dire encore. Mais les gars ont le geste, et sûrement infiniment plus de jugeote que les punkoïdes à leurs pieds dont les oripeaux 77 trahiront plus la frime bête et méchante que la furia ou la parodie. Mais les trois de Fracas ont droit au respect, question de look et de clocher sans doute. Car ils sont d'Orange et ça s'entend quand le chanteur annonce : "On va vous jouer quelque chose d'un grand rockère des sixties, Bob Dylan." Et d'enchaîner sur une version plutôt fervente de "I Want You", avec une belle partie de guitare nerveuse. Pas perdu, ce Fracas là !" (François Ducray – Best N°146 – septembre 1980)
Dans un registre plus modeste, ils triomphent lors du festival "Orange In Rock" le 27 septembre suivant, suscitant trois rappels et l'envahissement de la scène. Orange est devenue une ville très rock'n'roll. Les groupes se comptent sur les doigts de la main, mais les rockers ont désormais leur bar attitré, le Scotch Bar avec son "juke-box de folie" dixit un témoin de l'époque. En novembre, ils embauchent un saxophoniste, Robin Thiccet, accentuant le virage sixties qui se traduit par de nouveaux enregistrements en janvier 1981. En septembre de la même année, ils sont à nouveau à l'honneur lors du second festival "Orange In Rock" : "Enfin vint "Fracas". Un groupe sorti des "sixties" qui reprend avec punch les grandes créations des années 60. On a réentendu avec plaisir "Run For Your Life" des Beatles, mis au goût d'un jour assez punk. Au point (final)." (Le Dauphiné libéré – lundi 14 septembre 1981)
Malgré un autre travail en studio, ils n'arrivent pas à convaincre le moindre label, dans une période où beaucoup de groupes français ont été signés avant de se voir lâcher faute de retour sur investissement... Seul Best se fait l'écho de ces enregistrements : "Le Fracas. Un groupe très sixties qui reprend notamment des vieilleries des Stones, des Who et des Coasters. Il concocte aussi ses propres compos qui accrochent l'oreille nostalgique du vrai rock'n'roll. Les mélodies sont sûres et les riffs acides. Le Fracas possède aussi un look à toute épreuve et un de ses membres ressemble comme deux gouttes de bourbon à Keith Richards. Le grand Fracas des années 60 !..." (Best N°161 – décembre 1981)
Aux derniers jours de l'année 1981, Robin cesse sa collaboration avec le groupe. L'année suivante est marquée par un accident de la route qui oblige Bruno à entrer en convalescence durant de longs mois. Il faut attendre juin 1983 pour bénéficier de la sortie d'un unique EP autoproduit. Best classe le 45 tours en première place de son hit-parade des autoproductions. Toutefois, le vinyle recueille peu d'échos, si ce n'est une critique dans le fanzine palois dénommé On n'est pas des sauvages : "Finalement le Fracas m'a bien déçu... Groupe légendaire, repéré au festival d'Orange en été 80 par la critique unanime de Phil (OEPDS à l'époque du N°0) à Best (qui voyait en eux le Clash du Sud-est), ils avaient, paraît-il, un look de rockers des eighties et le son qui va avec... et bien, authenticité profonde ou changement dû à l'air du temps, ils sont à présent fringués comme un peu tous les groupes Snapshot (si vous voyez Gamine) et leurs morceaux sont dignes de figurer sur une seconde compilation du label... Est-ce vraiment une critique ? Bah, voyez vous-même..." (Euthanasie Juliette – On n'est pas des sauvages N° 21 – juin 1983)
Musicalement, leur rock est en phase avec un revival sixties porté par des groupes comme les FLAMIN' GROOVIES, les BARRACUDAS et les FLESHTONES. Malgré une production artisanale, on comprend enfin les paroles et l'on constate qu'ils ont même instillé dans leurs textes une dose d'humour. Durant cette période je les vois à plusieurs reprises sur scène et j'en garde un souvenir enthousiasmant. Dans leur studio de répétition trône toujours le drapeau tricolore où ils ont inscrit "Rien à espérer", souvenir de leur passé punk encore si récent... En fin d'année, ils mettent sur pied une petite tournée nationale afin de faire la promotion du disque. Pour l'occasion, ils ont un second guitariste, Dominique Pucci. Les voilà sur la route du 1er au 12 novembre, jouant à Grenoble (La Taverne), à Dijon (Le Polar Pub), à Lyon (West Side Club), à Colmar (Centre culturel) et à Strasbourg (Le Bandit). Dans le club strasbourgeois – haut lieu du rock de la capitale alsacienne – ils reçoivent un excellent accueil. Aussi, ils envisagent pour 1984, la sortie d'un nouveau 45 tours et une nouvelle tournée. Mais sans moyens, sans management, l'affaire part à vau-l'eau et c'en est fini du Fracas. En 1982, les DOGS – conscients des difficultés pour percer sur un marché hexagonal peu concerné par un certain rock – avaient intitulé ironiquement leur album "Too Much Class For The Neighborhood". Toute proportion gardée, le problème du Fracas fut aussi de rester bien trop longtemps dans son voisinage immédiat...
Extrait du livre de Jean-Marc Quintana et merci pour son aide précieuse et sa profonde connaissance du sujet, et un grand merci aux frères Eychenne.
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